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Où il est question de perdrix, de dattes et de fleur d’oranger

{À lire lentement et à haute voix, face à sa fenêtre, en peignoir ou en bleu de travail, avec l’accent chaud et rocailleux, avec des silences et des pauses, une tasse de café à la main… ou le nectar de votre choix.}

« Collioure, printemps 2020.

Voici revenu le temps du réveil, les hirondelles sont arrivées, les jours sont plus longs et la vigne, tendre, nous offre sa jeunesse retrouvée.

Tous les matins, je trouve deux pies qui habitent dans les pins plus haut, un couple de perdrix pas farouches encore, une huppe qui doit chercher un partenaire et quelques autres encore. Je peste aussi contre un couple de sangliers qui laboure le terrain humide à cette époque et nous détruit des murs dans la vigne… et puis contre les lapins qui broutent les jeunes pousses. La vie quoi…

Je suis confiné dans 15 hectares. Je savoure la chance de faire ce métier qui m’apaise tous les matins. Car pour le reste, quelle drôle d’ambiance ! Collioure est une petite ville très touristique avec des rues vides, des restaurants et toutes les boutiques fermées.

Un silence bizarre.

Collioure le port Romuald Cardon agent de vignerons
Le port de Collioure

Ceci dit je vais vous parler d’un vin très emblématique de notre région, le Banyuls qui est un vin de dessert. Je dis bien de dessert car on le buvait à la fin du repas, le dimanche en famille. Je me rappelle de ma grand-mère faisant tremper les « croquants » dans son verre de vin doux pour les ramollir un peu. Quand on parle de dessert chez nous il faut oublier tout ce que vous avez appris. Il ne pleut pas ici assez pour avoir de l’herbe, du lait, de la crème et du beurre, aussi il faut aller chercher les fruits secs, les fruits confits, le miel, les agrumes, tout ce qui  fait penser à l’Orient. Les dattes, le caramel, l’amande, la noisette… Mon dieu que de beaux mariages avec la frangipane, les beignets avec un peu de fleur d’oranger. C’est si bon que le Banyuls jusque avant-guerre (celle de 1939, pas celle d’aujourd’hui (?) ) était imposé dans tous les hôpitaux de l’Île-de-France.

Une bien jolie façon de se soigner, n’est-ce pas ? »

Mots doux de Vincent Cantié, vigneron du domaine de la Tour Vieille.

ENVIE D’ENTENDRE POUR DE VRAI VINCENT ?

VISIONNEZ LA VIDEO DE TELLEMENT SOIF!