Myrko Tépus

Une mère marocaine, un père Italiano-croate. Né à Grasse, une enfance à Valoris, puis jeune adulte dans le Nord, en Belgique et ailleurs… pour revenir au pays, ici, au cœur du Verdon, ce poumon vert de la Provence. Myrko est un baroudeur dans l’âme, qui se rêve de racines. Quand il décide de devenir vigneron, il y a quelque chose de ça : inscrire quelque chose dans le temps et l’espace, s’ancrer.

Peu de vignes dans le paysage. Ici on vient pour la descente en rafting ou les sublimes chemins de randonnée, on ignore la culture viticole… « C’était de grandes hypothèses en réalité de vouloir faire de grands vins ici ! » Oui, mais en 2015, quand Myrko revient, il a l’intuition qu’il y a quelque chose à faire dans le secteur. Il a observé et appris, chez Maxime Magnon, Cyril Fahl, Thibaud Boudignon ou encore Peter Fischer. Des confrères dont il admire la précision des vins et pour certains qui œuvrent dans des secteurs très sudistes. Et il pressent que chez lui, dans ce coin où la vigne est pourtant très minoritaire, que ce soit dans le paysage que dans l’économie locale, il y a quelques grands atouts : « On est à 460 mètres d’altitude, on a beaucoup d’influences pré-alpines, on est tanqués dans une vallée, c’est hyper intéressant car tout est très tardif. » Et puis, atout de taille que le simple visiteur ne soupçonne pas : « à Esparron, tu mets un coup de pioche, tu as une source ! ». Un secteur géographique prometteur, certes, mais un projet d’une ambition quais folle.

Il y a beaucoup à faire quand on s’installe comme ça, à partir de rien. Restructurer les vignes récupérées, chouchouter les vieux pieds centenaires, faire ses sélections de massales pour compléter les manquants, et puis apprendre, sans cesse. Afin de cerner au plus juste ses terroirs, Myrko a d’emblée fait le choix de vinifier en parcellaire, et en mono-cépage. À l’arrivée des vins qu’il veut digestes, qui puissent évoluer et présenter un potentiel de garde, mais qui puissent aussi être appréciés sans attendre. Un jeu d’équilibriste, un objectif quasi contradictoire… et pourtant : la dégustation de ses vins (aujourd’hui cinq rouges, un blanc et un rosé) laisse songeur. À l’aveugle on est perdu : c’est frais, ciselé, et en même temps il y a de la densité et une vraie maturité, une franchise et une souplesse particulières… On oscille du Nord au Sud, on voyage et… on y revient. Des cuvées pépites, et un vigneron qui n’a pas fi ni de nous faire perdre nos repères !