Domaine Gonon
« Mieux vaut aller voir l’ostéopathe que le cancérologue ! »
Avec Pierre, son frère cadet, Jean a repris le domaine depuis 1986.
Très tôt, les deux frangins font des choix radicaux : ils convertissent toutes leurs parcelles en biologique. Quand l’on sait qu’ici la viticulture a survécu et s’est développée dans les années 1970 grâce aux produits chimiques, on devine que c’était loin d’aller de soi au tout début des années 1990. Un choix naturel pourtant, évident même : « Avec Pierre on commençait à envisager d’embaucher un salarié : on ne vivait pas bien le fait d’imaginer qu’après 25 ans de travail pour nous, un mec vienne nous voir pour nous montrer son bilan de santé »…
Alors oui, on est repassé à la bonne vieille pioche chez les Gonon, au labour manuel, et… au palissage en arche. Sur les pentes abruptes des coteaux de Saint-Joseph, hyper fastoche de deviner les vignes qui leur appartiennent! Pas d’analyses ou d’années de tests… non, un choix logique selon Jean, et esthétique : « La vigne est une liane, et la syrah comme la marsanne ont besoin de pousser. Alors oui, il nous faut la maîtriser un minimum pour récolter du raisin, mais pour nous tout l’enjeu est de la rogner le moins possible et, tout comme pour le vin en cave ensuite, de la tripatouiller le moins possible. » Résultat ? Un paysage bucolique, mais qui se traduit par 2 mois 1/2 de labeur à la fin du printemps, réalisé par une bonne vingtaine de salariés saisonniers… pour 10 hectares. Il faut souffrir pour être belle, comme dirait l’autre… Pour être bon aussi, semble-t-il.
Une visite chez les frères Gonon laisse toujours rêveur. L’importance de l’effort physique côtés vignes, la place du temps et de la patience côté cave. Une douce et puissante leçon de sagesse, et beaucoup d’humilité.
Texte élaboré en collaboration avec Aurélie Soubiran