Croix & Courbet

« Moi j’aime bien que ça bouge, et ce qui m’attirait c’était de faire quelque chose avec quelqu’un. On échange beaucoup : on partage, on goûte, on se questionne l’un l’autre, quasi tous les jours. C’est précieux dans ce métier où l’on est vite un peu seul. »

Les vins Croix & Courbet, c’est bien plus qu’une aventure entre potes. C’est l’association de deux vignerons, chacun installé et d’une certaine façon « accompli » en son propre domaine, qui se retrouvent mus par la même soif d’apprendre, le même désir d’aller creuser là où on peut encore – ils en sont convaincus – découvrir des choses. Leur marotte ? Le savagnin. « C’était l’idée de départ ! » explique David. « Je suis passionné de ce cépage. Il me fascine, notamment dans une approche parcellaire, dans ses nuances florales, en non oxydatif. » Et Damien de compléter : « même pour nous, jurassiens, travailler le savagnin sur le floral c’est une chose sur laquelle on n’a peu de recul. ». Un « objet d’étude », donc, pour ces deux fous-furieux de terroirs et de dégustation. Pas d’enjeux économiques, si ce n’est de construire quelque chose de sain et à échelle humaine, un terrain de jeu viable et durable. Dans ce négoce en dentelle, charge à Damien de dénicher les raisins, grâce à son réseau de vignerons jurassiens : « Ça me permet d’aller chercher d’autres terroirs sur un cépage que j’affectionne tout particulièrement ».

Les deux anciens camarades de fac sont à l’unisson : « L’idée c’est de rayonner sur tout le Jura pour aller chercher ce qui nous fait envie. Le négoce c’est ça aussi : des contraintes – par exemple on recherche des raisins a minima issus de vignes cultivées en bio ou en conversion – mais une liberté de choix. » Une fois leurs premiers appro trouvés, restait à vinifier et trouver ce que serait leur style. Mais là encore, place à la liberté ! « On est parti d’une feuille blanche : on a tout essayé : fût, œuf béton, cuve inox… J’ai mes idées sur ce cépage et les terroirs que j’exploite, mais l’idée du négoce c’était de ne pas faire un copier-coller de ce que je fais chez moi ». Et à l’arrivée, une révélation commune : l’œuf béton. Un contenant encore peu usité dans la région, que ni l’un ni l’autre n’avait encore utilisé en son propre domaine, et qui répond fortement à leur idée d’explorer les facettes du savagnin : « On est plutôt content de ce que l’on sort, ça correspond à ce que l’on voulait faire : rester fidèle à ce qu’est ce vieux cépage rustique et tardif. Garder de belles maturités tout en ayant de l’équilibre et de la fraîcheur en bouche, de la salinité et une forme de pureté qui nous permet de traduire les terroirs. » Une aventure gustative autant qu’humaine, un rêve d’amis que l’on peut, soudain, toucher du doigt. Ou plutôt : déguster.

© Aurélie SOUBIRAN