Domaine de la Cras

« J’avais envie de manger mes raisins  dans mes vignes, quand j’en avais envie. »

Avec son ton calme et chantant, Marc Soyard prend toujours le temps d’expliquer son cas un peu particulier : ce Domaine de La Cras, c’est une espèce de location à durée déterminée. Suite à un appel à candidature de l’agglomération de Dijon, il a « gagné » le droit de poser ses valises ici, et d’exploiter pour les 25 prochaines années les 8,10 hectares qui menaçaient d’être abandonnés après le décès de leur ancien propriétaire. Une situation qui ne manque pas de surprendre : quand on sait l’investissement – temporel, financier, mais aussi affectif ! – qu’un vigneron peut porter à ses vignes, et quand l’on conjugue cette première notion au temps de la plante, à la patience qu’il faut démontrer pour la voir se développer, et avec elle la vie des sols, de l’écosystème environnant… sans même parler de la phase suivante, celle de la vie du raisin transformé en vin… 25 ans, ce n’est rien ! Tout du moins si l’on travaille dans cette philosophie-là.

Ce que Marc confirmera sans même que l’on ait besoin de poser la question. Oui, il est de ceux qui travaillent en véritable « jardinier » leurs parcelles. Ainsi, il a dès son arrivée tout converti en biologique, et utilise des préparations biodynamiques sur une partie d’entre elles. Il ne démontre aucune fierté, mais semble heureux d’appliquer enfin en son domaine les résultats d’années d’apprentissage chez les autres. Car c’est finalement ça le plus bluffant : Marc sait exactement ce qu’il veut faire. Ce qui l’importe, c’est de faire du vin, du bon vin. 

Il a fait le choix de travailler en parcellaire, voire en micro-parcellaire quand cela se révèle possible. Levures indigènes, foulage aux pieds, macération carbonique… Marc est à la fois curieux et touche à tout, tenté par de nombreuses expérimentations, et en même temps très décidé sur ses orientations et la précision des vins qu’il veut faire. Pas de prestigieux crus, dans cette partie-là de la Bourgogne et pourtant… L’étranger ne s’y trompe pas-: près de la moitié de ses bouteilles sont réservées à l’international.

Texte élaboré en collaboration avec Aurélie Soubiran