Domaine des Croix
Le vin est bien souvent une histoire de rencontres et de hasards qui n’en sont pas.
Pour David Croix, s’il n’y avait qu’un nom à retenir, ce serait celui de la légendaire Becky Wasserman. Aujourd’hui disparue, cette américaine qui a fondé la maison d’importation éponyme, a été une bonne fée pour ce jeune homme passionné, à la capacité de travail phénoménale. Elle a su lui présenter les bonnes personnes au bon moment, le challenger (un tantinet !), et lui permettre de prendre son envol. Au point qu’il se lance, en 2005, avec la création du domaine des Croix. Près de deux décennies plus tard, on peut le dire : voilà l’une des plus belles réussites bourguignonnes de ces dernières années. Sans faire de bruit, à son rythme et surtout en ne lâchant jamais rien sur ses exigences, David, qui n’avait pourtant nulles racines dans la région, a su développer une réelle identité, avec des vins qui n’ont cessé de gagner en style et en précision au fil des millésimes.
La précision : peut-être le terme qui qualifie le mieux sa philosophie. Aux vignes, d’abord : 7,80 hectares bichonnés par une équipe encore renforcée cette année. 5 salariés plein-temps, un mi-temps et des saisonniers. On aime le geste bien fait au domaine des Croix. Avec un gros accent sur les Pinots noirs qui sont si délicats à dompter. Passage à la cisaille, tressage de certains rangs… on ne lésine pas sur les heures, ce n’est plus de l’agriculture, ce n’est plus du jardinage, c’est de la dentelle. De la précision au chai, ensuite : les vendanges sont manuelles, les fermentations démarrent très rapidement grâce aux levures indigènes : l’objectif est de les mener avec rapidité afin de conserver au maximum l’éclat et le vibrant du fruit. Depuis 2015 le travail sur l’adjonction de soufre a lui aussi grandement évolué : c’est simple (sur le papier !), il n’y en a quasiment plus, du tout. Et si ajout il y a, c’est en deux temps, à mi élevage puis au soutirage, et dans des proportions plus qu’infimes. Une vraie prise de risque, car David aime les élevages longs et les mises en bouteille tardives. Une conduite des vinifications qui nécessite de goûter très régulièrement, d’être véritablement au chevet de ses vins. Sa cuvée chouchou du moment ? Le Beaune Pertuisots : « Ce vin a une densité et une sève qui surprend les gens. Et puis, c’est bête, mais c’est une vigne où j’adore aller : on est à mi-coteau, il y a des cabotes… c’est juste un endroit où l’on se sent bien ».
Un vigneron humble et ambitieux à la fois, animé de mille projets et en même temps résolument ancré dans ses vignes, immensément connecté à ses vins. C’est bien simple, avec David, on en oublie la complexité bourguignonne. On déguste des vins d’une immense finesse, juteux et éclatants. Le talent des plus grands ?
Texte élaboré en collaboration avec Aurélie Soubiran