Domaine Bott-Geyl

JC Bott Geyl
Jean-Christophe Bott Geyl

D’habitude, en Alsace, un domaine a la chance de disposer au sein de ses quelques hectares, d’une petite portion de Grand Cru. Parfois, l’histoire familiale et les occasions aidant, il y en aura 2 ou 3 sur le fameux petit dépliant de présentation… Chez les Bott-Geyl, il y en a 6, et ils représentent 40 % de la surface viticole. Une exception, une rareté. Pas d’héritage incroyable, mais une passion dévorante pour les terroirs : quand Jean-Christophe revient au pays, après avoir roulé sa bosse dans les vignobles d’Australie, d’Allemagne et d’Afrique du Sud, il ne veut plus repartir. Il s’est nourri de l’ailleurs, il rêve à présent de sublimer cette terre alsacienne.

Il rejoint donc ses parents, encore en activité, et apporte tout doucement sa patte. Et surtout, progressivement, il va reconstruire son propre vignoble. Quitte à diminuer en surface pour gagner en qualité. Petit à petit, il se sépare ainsi des parcelles en plaine ou bas de coteau, en monnaie d’échange de pépites plus petites, infernales à travailler… mais tellement intéressantes géologiquement parlant. Tout son travail ne tourne qu’autour de cette recherche de pureté, depuis les vignes (on les reconnaît illico… la nature et le vivant y ont leur place !) à la rigueur du chai, où tout se fait avec simplicité : les raisins ramassés en cagettes sont versés dans le pressoir à la main, les jus s’écoulent par gravité dans la cave, les fermentations sont longues et uniquement en levures indigènes, sans intrants.

Depuis 2000, le domaine est certifié en bio, et depuis 2002 en biodynamie. Jean-Christophe refusait d’ailleurs d’apposer les logos sur les étiquettes, c’est Valérie qui l’y a convaincu. En prenant le temps, on comprend aussi que c’est à son contact qu’il s’est sensibilisé à ces pratiques culturales. Non, Valérie ne taille pas, ne conduit pas le tracteur et ne règle pas le pressoir. Et pourtant… Quand vous arrivez dans leur domaine, au coeur du village de Beblenheim, vous avez de grandes chances de trouver Valérie au bureau, en train de gérer tout l’administratif ou les préparations de commandes, de vérifier que tout se passe bien au caveau de dégustation ou de réécrire telle brochure de présentation. Valérie a ses convictions, et sait, à sa façon, donner aussi de sa personnalité aux vins du domaine. L’air de rien, elle convainc, oriente, influence. Comme dans bien des couples du vignoble, elle est loin de n’être que la « femme de ».  Et si Jean-Christophe est parfois obstiné, il sait qu’il a en face de lui un partenaire qui ne lâche rien, et qui défend autant que lui ces terroirs alsaciens aux milles facettes.