Chers amis,
Le temps est suspendu.
RESTAURATEURS ou BARS À VINS, CAVISTES… vous êtes tous fermés ou presque. Certains parviennent à maintenir un embryon d’activité via les livraisons, une organisation nouvelle se met en place, le lien avec les clients fidèles est plus que jamais précieux. Mais pour beaucoup, c’est le grand calme. Ni adrénaline des services endiablés, ni excitation des produits du printemps qui débarquent dans vos cagettes…
VIGNERONS… vous êtes soudain comme coupés du monde, vos salons sont annulés, vos commandes pour la France comme pour l’international vous sont renvoyées. Heureusement la vigne est là, pour vous rappeler, pour nous rappeler, que la vie continue. Oui, la saison est celle de toutes les frayeurs, et des petits bonheurs : dans les prochains jours, la crainte du gel prendra le pas sur celle du virus, car c’est une menace palpable, visible… connue, malheureusement.
Mais la végétation, la faune comme la flore nous rappellent aussi le rythme des saisons, et cette notion de cycle est plus que jamais un repère auquel nous accrocher.
Car, j’en suis persuadé, tout ceci est une étape, un morceau d’un cycle.
Certains d’entre vous le savent, j’aime le Trail et la longue distance. J’aime aujourd’hui penser que tout ça est une épreuve d’endurance, et qu’il faut réussir à prendre de la hauteur, à puiser dans son mental, et poser un regard neuf autour de soi.
La situation est grave, ne nous leurrons pas.
Alors, oui, on pourrait nous rétorquer qu’aucun d’entre nous ne sauve des vies.
Et pourtant.
Nous le savons, les valeurs que nous défendons à travers vos cuisines, vos espaces, vos lieux de vie, à travers vos vins et vos choix engagés, sont aujourd’hui au centre de tout. On le voit aujourd’hui plus que jamais : dans cet espace-temps suspendu, nos journées sont plus que jamais rythmées par les repas partagés, les couleurs et les goûts d’une belle assiette, les saveurs et les émotions d’un verre de vin. L’alimentation est au centre de tout, elle donne du sens et c’est le moment ou jamais de prendre conscience de l’importance qu’il faut lui donner. Mais, malgré cette attention au bon, au frais, au terroir… il nous manque encore quelque chose, et ça va être de plus en plus sensible au fil des prochains jours.
Ce qui nous manque aujourd’hui à l’heure du confinement, c’est ce tissu humain que nous créons en temps normal, tous ensemble.
Vignerons, chefs, sommeliers, cavistes, journalistes… nous sommes tous les rouages de cette vie qui nous manque aujourd’hui. Alors, pour nous rappeler que nous sommes tous dans le même bateau, que nos histoires sont imbriquées les unes aux autres, je vous propose de vous embarquer pour un rendez-vous journalier, à la rencontre des acteurs qui rythment mon quotidien d’agent.
Une sorte de ronde des vignerons que j’accompagne… et de vous, les professionnels parisiens avec qui je partage une grande partie de mes journées. L’occasion de renverser un peu ma communication habituelle, et de vous mettre en lumière, ensemble.
Et puisqu’il faut bien se lancer, je commence par me prêter moi-même au jeu, en vous proposant l’écoute du podcast de Yann, caviste et restaurateur rue de la Roquette, qui m’a interviewé pour son émission Les Sourires du vin :
Photos : Romuald Cardon
Texte : Aurélie Soubiran